Celle qui venait des plaines, de Charlotte Bousquet

Editions : Gulf Stream 
Collection : Électrogène
Autrice : Charlotte Bousquet
Couverture : ?
Parution : 12 Octobre 2017


COUP DE !!

Résumé :
Le vert des hautes herbes surplombées par le feu orangé du soleil couchant sur les plaines du Dakota, les récits de victoires autour d'une ambée à la tombée de la nuit, les chevaux couleur de cendres, le tonnerre des canons, les rivières de sang... Et soudain, le déracinement et l'enfermement à la Mission Saint-James, l'apprentissage de la haine d'une culture immémoriale, la purification par la souffrance et une éducation de fer pour briser les volontés les plus tenaces. Voici l'histoire de Winona, fille aînée du vent et de la lumière, héritière de traditions ancestrales qu'elle fut contrainte de recracher comme le pire des venins, métisse éprise de liberté et de justice dont la route ne cesse de croiser celle des célèbres Steele Men, cow-boys et mercenaires – pour le meilleur et pour le pire.


AVIS  :

Nous suivons les traces de Winona et des Steele Men, cow-boys et mercenaires. Une histoire racontée, à travers de souvenirs où on demande juste la vérité. Un jeune homme est parti se venger mais, malgré lui, découvrira la vérité. Quelle est la vérité ? Que s’est-il passé entre Winona et les Steele men ?

En finissant ce roman j'en ressors sereine et plus légère. Est-ce que ce sont les plaines et la liberté au vent qui m'ont conquise ? Ou juste l'incroyable récit raconté avec justesse avec tous ces points de vue ? 

Le résumé me tentait bien mais je ne m’attendais absolument pas à ce que j’ai découvert. Une histoire passionnante dans un environnement hostile, brutal et sans filtre. Déjà, les points de vue rendent le récit vivant. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je trouve que ces différentes narrations sont le point fort. Chaque intervenant a son style, sa vision, son identité propre. Des extraits de romans qui racontent une histoire, un journal intime qui délivre les pensées, les sentiments et les émotions de Virgil, et un narrateur à la troisième personne qui côtoie la première où Winona nous raconte sa position, son histoire.

En commençant, je n’imaginais pas ça. En fait, je n’imaginais pas grand-chose. Ce roman met en avant une époque des États-Unis, entre Cow-boy et Amérindiens, de fin XIXe siècle et début XXe. Le « most wanted » m’a embrouillé puis en débutant la lecture de cette histoire, j’ai mieux compris le concept. J’étais perdue, j’avoue. Mon cerveau va mieux. Dès les premières pages, nous est présenté une scène, un contexte, un instant précis sans les tenants et les « aboutissants ». Ça nous happe.  Ça nous met dans le bain. Ça nous transporte. 
J’ai pris plaisir à tourner les pages, à découvrir le récit. C’est vivant. Un détail m’a sauté aux yeux (même si la première note n’avait pas besoin de précision vu l’époque), ce sont les mots qui accentuent le contexte et les circonstances. Ils sont virulents mais vrais. Oui, ils sont vrais, concrets. Ces termes employés rajoutent une réalité à ce roman. C’est raconté avec brutalité et malgré tout avec quelques pincettes. Les mots ne sont pas mâchés. J’ai surkiffé de lire ce roman simplement. On commence ce livre en nous questionnant sur le schéma narratif mais également sur la tournure de l’histoire. Qui sont les Steel Men ? Qui est Winona ? Qui est Virgil ?
Petit à petit, on apprend à les connaître. Petit à petit la vérité est dévoilée. L’autrice nous tient en haleine en mettant ces points de vue, en avançant de cette façon, en jetant des miettes, de bouts de puzzle… ce suspense nous amadoue pour continuer. C’est coupé comme il faut. Le roman montre en crescendo. Le plus fabuleux c’est le changement dans la mentalité de Virgil. Un contraste saisissant entre le début et la fin (petite pensée pour son amie). Il y avait déjà quelque chose en lui qui ne demandait qu’à avancer, qu’à émerger, qu’à fleurir. Il n’avait pas toute ma sympathie puis en voyant les changements notables, les mots qu’il emploie, le questionnement qu’il se pose, mon regard sur lui change également. J’ai adoré voir justement son regard à lui s’ouvrir. Il trouvera devant lui, Winona. Femme trop libre pour son époque, touchée physiquement et psychologiquement, qui tout événement vécu, restera elle-même. Une personne brisée qui a su se construire, grandir et avancer, se protéger et faire des choix. 

Les thèmes exploités dans ce roman sont parlants, résonnant dans notre actualité, notre époque. Nous avons deux cultures très différentes mais semblables par moment dans leurs façons de pensée.  Une glorification ne rend jamais justice. « Celle qui venait des plaines » nous parle, à ceux qui ont subi, à ceux qui sont curieux, aux autres, à EUX, et à NOUS. Il côtoie des cultures différentes avec la mise en avant d’un fondement de systèmes maltraitants, faisant souffrir les autres. Une suprématie blanche qui domine face à ceux qui ne lui ressemblent pas. Le conditionnement par la souffrance, la douleur qui fait face à la persévérance et aux personnalités persistantes, s’affirmant. La déformation de la vérité crée une légende plaisante, pourtant la vérité même non enchanteresse est plus percutante, « meilleure », source d’ouverture d’esprit. Ce livre met en avant les stéréotypes et les préjugés (liés à la différence et lié à l’image de la femme principalement).

Je ne connais absolument pas et c’est bien dommage le peuple Amérindien (est-ce le vrai nom ?). Il y a des petites notes en bas de page, ça permet de rajouter un contexte et d’apprendre également. Mais si vous avez un livre à me conseiller sur cette culture, n’hésitez pas (chui pas douée pour les recherches --‘). 


En refermant, j’avais un esprit tranquille. Une sensation « zen » colle dans tout le roman, même quand les scènes décrivent des violences physiques et psychologiques. Tout de même, beaucoup d’émotions en lisant sont ressortis avec la quête de la vérité ainsi qu’une quête de soi. 

Il ne faut pas passer à côté, un coup de cœur pour se livre dégageant fraîcheur mais surtout pour tout ce qu’il représente !


Première fois que je lis cette autrice, j’ai hâte de découvrir ses autres romans.

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